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Dossier




Mise à jour : 25/03/2003


Ethers de glycol

Les éthers de glycol constituent une famille de plus de 80 dérivés. Ils font d'excellents solvants. 30 d'entre eux sont utilisés en milieu industriel pour la fabrication de peintures. Ce dossier fait le point sur ces composés : principales utilisations et plus fortes expositions professionnelles (peinture aéronautique, sérigraphie, fabrication de circuits imprimés, vernissage métallique, fabrication de peinture), risques pour l'homme (les principales voies d'exposition étant l'inhalation et le contact cutané), toxicité (évaluation du risque cancérogène et des effets sur la reproduction notamment), état de la réglementation (étiquetage), mesures de prévention, travaux et publications de l'INRS sur le sujet.


Qu'est ce que la famille des éthers de glycols ?

Quelles sont les activités professionnelles concernées ?

Quels sont les risques toxicologiques des éthers de glycol ?
Risques pour l'homme
Effets toxiques chez l'animal : résultats récents

Que dit la réglementation ?

Quelles sont les mesures de prévention ?

Quels sont les travaux de l'INRS ?

Pour en savoir plus en quelques clics...

Autres références bibliographiques




Les éthers de glycol forment une famille de solvants parmi d'autres. Ils sont donc concernés par la réglementation et les recommandations générales sur les solvants organiques. Pour en savoir plus sur les solvants, consultez le dossier correspondant. Les autres familles de solvants sont : les hydrocarbures aromatiques, les solvants pétroliers, les alcools, les esters, les cétones, les éthers, et les hydrocarbures halogénés (auxquels ont peut ajouter des solvants particuliers comme des terpènes, des amides, certains dérivés nitrés etc.). L'INRS publie une série de fiches sur les solvants (une fiche par famille). Ces documents de synthèse sont mis en ligne au format PDF au fur et à mesure de leur publication et serviront de bases à des dossiers web.
L'exposition aux solvants est un risque qui doit être mis en perspective par rapport à l'ensemble des risques professionnels de chaque situation de travail. L'évaluation des risques permet de faire la liste de ces risques et de les classer, afin de prioriser de façon pertinente les actions de prévention.




Qu'est ce que la famille des éthers de glycol?

La famille des éthers de glycol se compose de 80 substances chimiques, différentes quant à leurs caractéristiques, qui entrent dans la composition de nombreux produits.

On peut classer globalement cette famille en deux grandes lignées : les dérivés de l'éthylène glycol et les dérivés du propylène glycol. Seules quelques substances ont donné lieu à une exploitation industrielle, en particulier les dérivés de l'éthylène glycol (méthylglycol, acétate de méthylglycol, éthylglycol, acétate d'éthylglycol, butylglycol, acétate de butylglycol) et les dérivés du propylène glycol (méthoxypropanol et acétate de méthoxypropanol). On peut aussi trouver certains dérivés du diéthylène glycol : le méthyldiglycol, l'éthyldiglycol et le butyldiglycol.

On distingue deux grandes séries d'éthers de glycol :

la série E, éthers de l'éthylène glycol (EGE) : R-(O-CH2-CH2)n-O-R'
la série P, éthers du propylène glycol (PGE) : R-[O-CH2-CH(CH3)]n-O-R' (isomère a)


Principales abréviations utilisées pour la dénomination des éthers de glycol
EGME Ethylène Glycol Méthyl Ether
EGMEA Ethylène Glycol Méthyl Ether Acétate
EGEE Ethylène Glycol Ethyl Ether
EGEEA Ethylène Glycol Ethyl Ether
EGiPE Ethylène Glycol iso-Propyl Ether
EGBE Ethylène Glycol n-Butyl Ether
EGBEA Ethylène Glycol n-Butyl Ether
EGPhE Ethylène Glycol Phényl Ether
DEGDME Diéthylène Glycol Diméthyl Ether
DEGBE Diéthylène Glycol Butyl Ether
2PG1ME 2-Propylène Glycol 1-Méthyl Ether
2PG1MEA 2-Propylène Glycol 1-Méthyl Ether 2-Acétate
1PG2ME 1-Propylène Glycol 2-Méthyl Ether
1PG2MEA 1-Propylène Glycol 2-Méthyl Ether 1-Acétate
DPGME Dipropylène Glycol Méthyl Ether
Cliquer ici pour connaître la signification des autres abréviations utilisées pour ces substances, ainsi que leur classification et leur étiquetage réglementaire.

C'est à leur propriété de solubilité à la fois dans l'eau et dans les solvants organiques que les éthers de glycol doivent leur essor industriel. C'est pourquoi on les retrouve depuis les années soixante-dix dans de nombreuses préparations, en remplacement des solvants aromatiques couramment utilisés avant cette époque.

Les éthers de glycol sont présents en particulier dans tous les produits dits "à l'eau". On les trouve aussi comme principaux composants dans quatre classes de produits : les colles, les encres, les peintures, les vernis, les diluants, les cosmétiques notamment les teintures pour cheveux, les produits d'entretien comme les lave-vitres, les produits pour la mécanique et la métallurgie (fluides de coupe, dégraissants...).

Quelles sont les activités professionnelles concernées ?

Parmi les différentes études menées par l'INRS sur ces produits, l'une d'entre elles a conduit à élaborer une grille d'estimation des expositions des salariés aux éthers de glycol dans divers secteurs industriels.

Il apparaît que l'exposition des salariés utilisant des cosmétiques et des fluides de coupe peut être considérée comme faible. Parmi les secteurs utilisant des peintures, encres ou vernis, ceux  où l'on identifie les expositions les plus fortes sont la peinture aéronautique, la sérigraphie, la fabrication de circuits imprimés, le vernissage métallique et la fabrication de peintures.

L'utilisation intensive de produits d'entretien peut conduire à une exposition notable aux éthers de glycol, par passage percutané. (Matrice emplois-expositions - ND 2009-162-96)

La liste des activités concernées est la suivante :

protection de surfaces par cataphorèse,
mise en peinture de véhicules neufs,
réparation automobile (carrossiers et peintres),
peinture d'avion,
sérigraphie (papier, carton, plastiques),
tampographie (horlogerie, accessoires pour automobiles),
offset,
impression et vernissage de feuilles de fer blanc (coil-coating),
vernissage de boîtes métalliques à usage alimentaire ou autre,
fabrication de peintures et vernis,
peintures de charpentes métalliques lors de leur fabrication,
peinture en bâtiment,
fabrication de circuits imprimés,
teinture et vernissage de meubles,
peinture sur matières plastiques (enjoliveurs de roues),
salons de coiffure,
ménage et entretien,
lavage de voitures,
usinage mécanique.

Quels sont les risques toxicologiques des éthers de glycol ?

C'est par le biais des études conduites dans le domaine professionnel que l'on découvre d'abord les effets neurologiques, via des intoxications aiguës dans le secteur de la fabrication des cols de chemise, puis progressivement les effets hématologiques, testiculaires, suite à des expositions à des concentrations fortes en général observées par des médecins du travail qui alertent les scientifiques.

Si les études expérimentales sont essentielles, elles ne suffisent pas car elles concernent toujours une substance bien identifiée, or la réalité industrielle est toute autre.
En situation de travail, on ne sait pas toujours à quelle substance on a affaire et donc à quel éther de glycol. De plus les préparations ou produits utilisés contiennent d'autres substances et là se pose le problème de l'interaction avec ces substances. Enfin, le salarié est souvent exposé à d'autres produits ou d'autres risques et se pose alors le problème de la co-exposition.

Ces études expérimentales doivent être complétées et confrontées à des études épidémiologiques (des études longues en fonction des temps de latence des pathologies) et d'études de cas.
Comme tout produit, les éthers de glycol se transforment dans l'organisme (au cours de la métabolisation) en produits dits "métabolites". Ce sont certains de ces métabolites qui sont responsables des effets toxiques.
Or le métabolisme varie d'une espèce à une autre ; il modifie la toxicité apparente des substances et donc le risque.

Les éthers de glycol sont des produits de substitution employés en particulier pour remplacer les solvants qui ont une toxicité neurologique, rénale, cutanée et pour certains cancérogènes et tératogènes et, qui plus est, sont inflammables comme le toluène ou le xylène par exemple. Comme la plupart des solvants qu'ils ont remplacés, les éthers de glycol appartiennent à une grande famille de molécules dont les effets toxiques peuvent être séparés en deux : les effets communs à la grande majorité des membres de la famille et ceux qui sont spécifiques à chaque substance chimique.

Les signes précurseurs d'intoxication susceptibles d'alerter l'utilisateur (type odeur) sont nuls ou n'apparaissent qu'à de très fortes concentrations.

Parmi les caractéristiques toxicologiques communes à ces molécules, il faut signaler des atteintes neurologiques, maux de tête, vertiges pouvant aller jusqu'au coma, uniquement en cas d'exposition aiguë à forte dose ; cependant les éthers de glycol ne sont pas considérés comme irritants aux concentrations utilisées en entreprise.

Chaque éther de glycol possède des caractéristiques toxicologiques propres et certains dérivés ont une toxicité sur la reproduction mise en évidence dans des essais chez le rongeur, susceptible d'entraîner un risque pour l'homme ; les composés potentiellement dangereux sont de plus en plus substitués et les mesures réglementaires ont permis de réduire leur utilisation.


Risques pour l'homme

Les principales voies d'exposition sont l'inhalation et le contact cutané
Inhalation
Du fait de leur moindre volatilité, l'exposition respiratoire à la majorité de ces dérivés est souvent plus faible qu'avec d'autres solvants, cependant, leur rétention au niveau du système respiratoire est élevée et on estime que 50 à 80% de la proportion inhalée se retrouve au niveau des poumons.
Par voie cutanée
Le contact avec le produit sous forme liquide peut entraîner une absorption cutanée importante. Une absorption sous forme de vapeur par la peau et les muqueuses peut parfois survenir.
Exposition au poste de travail
Elle résulte d'une combinaison d'expositions par voies pulmonaire et cutanée ; l'une des voies peut être privilégiée dans certaines conditions opératoires, par exemple lors de pulvérisations ou par contacts prolongés avec des mains non protégées.

Toxicité
Métabolisme
La différence de métabolisme entre les éthers de glycol est un des éléments clé permettant d'expliquer les différences de toxicité. Les dérivés de la série E sont métabolisés en acides alkoxyacétiques. Or, il est démontré que l'acide méthoxyacétique et l'acide éthoxyacétique respectivement métabolites de l'EGME et de l'EGEE présentent une toxicité similaire ou plus importante que les composés de départ.

Dans la série P, il existe 2 types d'isomères : a et b. Les dérivés α testés se sont révélés moins toxiques et en particulier n'ont pas montré d'effet sur la reproduction, ce qui s'explique par une métabolisation différente. Le 2PG1ME (isomère a) est déméthylé en 1,2-propanediol alors que le 1PG2ME (isomère b, métabolisé en acide comme les dérivés de la série E), est reprotoxique. Ce dernier n'est pas commercialisé mais peut cependant se retrouver en tant qu'impureté dans les isomères a.
Données chez l'homme
Les informations regroupées ci-après concernant les effets aigus et sur la reproduction reprennent les conclusions d'une expertise collective de l'INSERM (1999).

Effets aigus
L'intoxication aiguë, généralement due à une ingestion accidentelle, peut être responsable de troubles neurologiques (dépression du système nerveux central), métaboliques et rénaux.

Effets sur la reproduction
Des effets ont été rapportés, qu'il est souvent difficile d'attribuer aux seuls éthers de glycol en raison des co-expositions à d'autres solvants.

Un ensemble de résultats concordants est en faveur de l'existence d'un lien entre infertilité masculine (diminution de la concentration du sperme, difficulté à concevoir un enfant) et exposition professionnelle à l'EGEE, l'EGME et leurs acétates, et peut-être à l'un des autres éthers de glycol présents dans l'industrie des semi-conducteurs (DEGDME).

Une étude regroupant 14 entreprises de l'industrie des semi-conducteurs aux Etats-Unis (SHS : Semi-conductor Health study), a rapporté des anomalies de la durée ou de la régularité des cycles menstruels ainsi qu'une diminution de la fertilité (taux de fécondabilité abaissé ou difficulté à concevoir un enfant) chez les femmes travaillant dans les secteurs les plus exposés aux éthers de glycol.
Les composantes historiques et prospectives de deux études américaines (une étude SHS et une étude chez IBM) menées dans l'industrie des semi-conducteurs sont concordantes pour montrer un effet de l'exposition aux éthers de glycol présents dans ce type d'industrie sur le risque d'avortements spontanés.

Un syndrome malformatif particulier comportant des anomalies faciales, des réductions des membres et des retards mentaux, a été décrit au Mexique par Saavedra dans la revue Annals of the New York Academy of Sciences en 1997. Ces malformations, selon les auteurs, sont attribuées à l'exposition professionnelle des mères à un mélange d'EGME et d'éthylène glycol pendant leur grossesse. Les autres études sur les malformations sont peu nombreuses et contradictoires. Ainsi, l'existence d'un risque accru d'anomalie du tube neural, en association avec une exposition professionnelle principalement à l'EGBE et au DEGBE dans le cadre de métiers de service, a récemment été remise en cause par les résultats d'une autre étude menée en Californie de façon très similaire et décrite par Shaw dans la revue Epidemiology en 1999.

Cancérogénicité
La presse française d'information générale a fait état, suite à un appel à témoignage, d'un taux anormalement élevé de cancers des testicules et de leucémies chez des salariés d'IBM exposés à des éthers de glycol (EGME, EGEE et leurs acétates et DEGDME) de 1974 à 1994. Même si le risque de cancer des testicules a déjà été évoqué à travers une étude réalisée dans le secteur de l'aviation britannique, l'expertise collective INSERM conclut que les quelques études épidémiologiques conduites sur la relation entre exposition aux éthers de glycol et différents types de cancer chez l'homme (leucémies myéloïdes aiguës, cancer de l'estomac, cancer des testicules) n'apportent pas de résultats convaincants sur un effet cancérigène potentiel de ces solvants.

Se rapporter au tableau de classification réglementaire pour connaître la signification des abréviations utilisées.

Effets toxiques chez l'animal : résultats récents

Effets toxiques : aigus, irritants, sensibilisants et à doses répétées
Ils ont été décrits dans de nombreux documents. Ils correspondent, selon les éthers de glycol, à des effets hémolysants et rénaux en aiguë et chronique, à une toxicité pour la moelle osseuse et le foie et à des effets irritants (oeil, peau et plus rarement les voies respiratoires). Aucune étude expérimentale n'a montré de pouvoir sensibilisant associé aux éthers de glycol.

Effets sur la reproduction
Fertilité
Pour un certain nombre d'éthers de glycol, classés ou en cours de classement, une toxicité testiculaire est définitivement établie chez l'animal : EGME, EGEE et acétates, DEGDME, EGDME, TEGDME. En revanche l'examen d'études relativement complètes a permis de conclure à l'absence d'effets préoccupants : EGnPE, EGBE, DEGEE, TEGME, et 2PG1EE. Concernant le DEGHE et l'EGHE, un classement a été adopté mais des essais complémentaires seraient nécessaires afin de confirmer l'absence d'effets préoccupants sur la fertilité. Pour le TEGBE, malgré l'absence de données sur la fertilité, par analogie de structure avec l'EGBE et le DEGBE on peut conclure à l'absence de préoccupations.
 
Développement
Pour un certain nombre d'éthers de glycol, classés ou en cours de classement, il a été montré une atteinte du développement, foetotoxicité et tératogénicité : EGME, EGEE et leurs acétates, EGDME, DEGME, DEGDME et TEGDME. Des effets de ce type ont également été rapportés avec le 1PG2ME et son acétate. Les malformations décrites dans différentes études touchent de nombreux organes : anomalies digitales, exencéphalie, fente palatine, dysplasie caudale, malformations craniofaciales, anomalies squelettiques axiales. Il est parfois observé une mort foetale.
Pour l'EGnPE, l'EGBE, l'EGHE, le DEGEE, le TEGME et le 2PG1EE les essais disponibles sont généralement suffisants pour conclure à l'absence d'effets préoccupants. Ainsi aucun classement n'a été retenu pour le DEGEE et le TEGME et ces deux éthers de glycol n'apparaîtront donc pas dans l'annexe I de la directive 67/548/CEE concernant la classification, l'emballage et l'étiquetage des substances dangereuses. Pour le TEGBE les essais disponibles sont succincts, pour le DEGHE, malgré l'absence d'essais, et si l'on admet l'analogie de structure avec le dérivé monoethylénique (EGHE), on pourrait conclure à l'absence de préoccupation.
 
La majorité des dérivés du propylène glycol récemment mis sur le marché n'a pas fait l'objet d'études de reprotoxicité.

Mutagénicité et cancérogénicité
La plupart des études de mutagénicité in vitro ont présenté des résultats négatifs avec les éthers de glycol testés ; les résultats in vivo sont, dans la plupart des cas, également négatifs. Ainsi, les éthers de glycol ne présenteraient aucun profil génotoxique.
Concernant la cancérogénicité, seuls deux éthers de glycol ont fait l'objet d'une étude de cancérogénicité à long terme chez l'animal : le 2PG1ME et l'EGBE. Le 2PG1ME a donné des résultats négatifs chez le rat et la souris. Pour l'EGBE, l'interprétation des résultats est plus délicate, les essais chez le rat sont négatifs tandis que chez la souris des tumeurs malignes (carcinomes du préestomac, hémangiosarcomes et hépatocarcinomes) sont observées. Cependant, des mécanismes d'action spécifiques à la souris ont été admis pour chacune de ces tumeurs, en conséquence l'effet cancérogène a été jugé non extrapolable à l'homme dans l'état actuel des connaissances.

Que dit la réglementation ?

Classification étiquetage
Dans le cadre de la directive 67/548/CEE
, concernant la classification, l'emballage et l'étiquetage des substances dangereuses, 13 dérivés de l'éthylène glycol et 9 du propylène glycol font l'objet d'une classification et d'un étiquetage harmonisés ; 9 autres dérivés de l'éthylène glycol et 3 du propylène glycol sont en cours de classification et les résultats des discussions sont reportés dans un tableau que vous pouvez consulter en cliquant ici. Les éthers de glycol les plus utilisés ont été expertisés au niveau européen, les phrases de risque reflètent donc généralement bien leur toxicité.


La classification "Toxique pour la reproduction" comprend trois catégories (Cat.). A ce jour, aucun éther de glycol n'est classé dans la Cat. 1 qui correspond aux "substances connues pour altérer la fertilité dans l'espèce humaine" avec des preuves reconnues chez l'homme. Les éthers de glycol classés en Cat. 2 sont définis comme étant "des substances devant être assimilées à des substances altérant la fertilité et/ou causant des effets toxiques sur le développement dans l'espèce humaine" et ceux classés en Cat. 3 comme "des substances préoccupantes pour la fertilité dans l'espèce humaine et/ou des substances préoccupantes pour l'homme en raison d'effets toxiques possibles sur le développement ".
Pour en savoir plus sur les produits reprotoxiques, consultez le dossier correspondant.

Outre leur examen dans un but de la classification et de l'étiquetage, un certain nombre d'éthers de glycol ont fait ou feront l'objet d'une évaluation de risques dans le cadre du règlement européen 793/93.

Mesures de réduction de risques
Depuis plusieurs années, des dispositions sont prises tant au niveau européen que français.

Par arrêté du 7 août 1997 modifié par arrêté du 13 octobre 1998, relatif aux limitations de mise sur le marché et d'emploi de certains produits contenant des substances dangereuses, le ministère français chargé de la Santé interdit la mise sur le marché et l'importation à destination du public des produits " cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction " des catégories 1 et 2, dont font partie les quatre éthers de glycol déjà classés depuis plusieurs années ainsi que les préparations en contenant 0,5% ou plus, à savoir l'EGME, l'EGEE et leurs acétates. Les dérivés, récemment classés reprotoxiques seront soumis à la même réglementation.

Cet arrêté ne s'applique pas à l'usage professionnel où la réglementation française prévoit l'évaluation a priori des risques à la charge de l'employeur et pour chaque poste de travail.

L'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (Afssaps) a par ailleurs émis deux décisions (Décision du 24 août 1999 publiées au Journal Officiel) visant à interdire l'importation, l'exportation, la mise sur le marché à titre gratuit ou onéreux, la détention en vue de la vente ou de la distribution à titre gratuit, l'utilisation de certains produits destinés à l'homme (médicaments et cosmétiques) contenant l'EGME, l'EGEE et leurs acétates.

Le décret n° 2001-97 du 1er février 2001 (dit "décret CMR"), modifiant le code du travail, étend aux substances chimiques présentant des dangers de toxicité pour la reproduction de catégorie 1 ou 2, les mêmes contraintes que celles appliquées depuis le 1er janvier 1993 aux substances cancérogènes. Il fixe ainsi les règles d'utilisation de ces produits, au nombre desquels figurent les éthers de glycol les plus dangereux. Il est demandé à l'employeur de réduire l'utilisation de ces substances sur le lieu de travail, notamment en les remplaçant, dans la mesure où cela est techniquement possible, par une substance, une préparation ou un procédé moins dangereux pour la santé ou la sécurité des travailleurs (article R231-56-2 du code du travail). Ce décret précise également, que " les femmes enceintes et les femmes allaitant ne peuvent être affectées ou maintenues à des postes de travail les exposant à des agents avérés toxiques pour la reproduction. " (articles R231-56-12 du code du travail).

Quelles sont les mesures de prévention ?

Mesures de prévention
Les mesures de prévention reposent sur la limitation de l'exposition respiratoire ou cutanée aux éthers de glycol utilisés et sur la substitution des éthers de glycol les plus dangereux par des substances moins dangereuses. Cette substitution doit être effectuée à chaque fois que cela est techniquement possible pour les éthers de glycol classés en catégorie 2 des toxiques pour la reproduction. La substitution peut s'orienter vers un autre éther de glycol de la série E ou P, aux propriétés physico-chimiques comparables, dès lors que les données sont suffisantes pour confirmer un risque moindre.

Prévention de l'exposition respiratoire
La prévention de l'exposition respiratoire doit être assurée par des systèmes d'encoffrement et de captage au plus près des émissions, de façon à évacuer les aérosols et les vapeurs et à maintenir la concentration d'éthers de glycol dans l'atmosphère du poste de travail au niveau le plus faible possible et en deçà des valeurs moyennes d'exposition professionnelle fixées en France et à l'étranger pour cette famille de substances. 

La mesure des concentrations des éthers de glycol dans l'atmosphère (métrologie) peut se faire suivant la méthodologie fixée par l'INRS et les laboratoires interrégionaux de chimie des Caisses régionales d'assurance maladie (CRAM).

Si ces mesures de protection collective s'avèrent insuffisantes, on peut envisager le port d'une protection respiratoire du type masque équipé d'une cartouche A2 P2.

Prévention de l'exposition cutanée
La prévention de l'exposition par voie cutanée passe par la mécanisation de certaines tâches associée au port d'équipements de protection individuelle, en particulier de gants résistants aux éthers de glycol tels ceux en caoutchouc butyle.

Contrôle du niveau d'exposition
Le niveau d'exposition peut-être contrôlé par des mesures de concentration dans l'atmosphère ou par des mesures d'indicateurs biologiques d'exposition dans les urines.

L'ACGIH (American Conference of Governmental Industrial Hygienists - USA, 2001) propose la mesure dans les urines de l'acide 2-méthoxyacetique pour l'EGME et son acétate, et l'acide 2-éthoxy acétique pour l'EGEE et son acétate. Un indicateur biologique d'exposition pour le 2-butoxyethanol est en cours d'élaboration.

Le BAT-Wert (Biologischer Arbeitsstoff Toleranz Wert - Allemagne, 2000) définit également des indicateurs biologiques d'exposition pour ces mêmes éthers de glycol.

Quels sont les travaux de l'INRS ?

Études et recherches
Le premier document, publié par l'INRS et précisant les risques en cas d'exposition professionnelle à un éther de glycol, date de 1967. Il s'agissait d'une fiche toxicologique. Depuis, de nombreux autres ont suivi, spécifiques à cette catégorie de produits, ou plus généraux (prévention des risques liés aux solvants). Rappelons aussi que, dès 1983, une note documentaire spécifiait quels étaient les risques soupçonnés pour la reproduction humaine de certains éthers de glycol (éthers monoalkylés de l'éthylèneglycol), cela en extrapolant à l'homme les résultats trouvés sur l'animal (ND 1422).

Au début des années 1990, un projet de recherche multidisciplinaire initié par l'INRS a porté sur la toxicité des éthers de glycol. Ce projet comprenait 13 études et était structuré en 8 axes. Il a mobilisé plusieurs services de l'INRS et quatre partenaires extérieurs.
Depuis, à la suite de ce projet, deux études complémentaires ont été confiées à des équipes de recherche extérieures : 
une étude épidémiologique portant sur les relations entre l'exposition professionnelle des femmes aux éthers de glycol et la survenue de malformations congénitales chez leurs enfants ;
une étude des effets hématologiques de plusieurs éthers de glycol sur des cellules humaines en culture.
Pour en savoir plus sur ce projet de recherche et sur les deux études complémentaires, cliquez ici.

Évaluation des Risques et Classification
Dans le cadre du règlement européen 793/93, le ministère chargé du Travail a donné pour mission à l'INRS de réaliser l'évaluation de risque pour les travailleurs de quatre éthers de glycol largement utilisés : le butylglycol (EGBE), le 1-méthoxypropan-2-ol (2PG1ME) et leurs acétates, qui sont les éthers de glycol aujourd'hui les plus utilisés. Les ministères chargés de la Santé et de l'Environnement étant responsables de l'évaluation des risques pour le consommateur et l'environnement.

Le ministère du Travail a également chargé l'INRS d'émettre des propositions de classification et d'étiquetage pour 12 éthers de glycol discutées au sein du groupe de travail européen « Classification et Étiquetage » des Substances Dangereuses, dans le cadre de la directive 67/548/CEE.

Pour en savoir plus en quelques clics...

"Prévention des risques liés à la fabrication et à l'utilisation des éthers de glycol". Recommandation R 391. Travail et sécurité (INRS), n° 616, mars 2002. (format pdf - 639 Ko)

"Classification et étiquetage des éthers de glycol (annexe I de la Directive 67/548/CEE) : différents dérivés classés ou en cours de classification". INRS, février 2002. (format pdf - 96 ko)

"Le point des connaissances sur... Les éthers de glycol" Travail et sécurité (INRS), n° 615, février 2002 (format pdf - 412 ko)

"Éthers de glycol : bien choisir ses gants de protection". Travail et sécurité (INRS), n° 607, mai 2001, pp. 14-15.

Fiche de prélèvement n° 22 "Métropol" : éthers de glycol. INRS, 2002, 8p. (format pdf - 261 ko)

"Valeurs moyennes d'exposition professionnelle établies pour les éthers de glycol en France et dans d'autres pays". INRS, novembre 2001. (format pdf - 19 ko)

Maladies professionnelles engendrées par les solvants organiques liquides à usage professionnel (Tableau n° 84)

Fiches toxicologiques
     2-Ethoxyéthanol FT n° 58, 1999, 6p. (Format pdf - 120 ko)
     2-Butoxyéthanol FT n° 76, 1996, 5p. (Format pdf - 500 ko)
     2-Méthoxyéthanol FT n° 103, 1999, 6p. (Format pdf - 217 ko)
     Acétate de 2-méthoxyéthyle FT n° 131, 1999, 4p. (Format pdf - 152 ko)
     1-Méthoxy-2-propanol et son acétate FT n° 221, 1992, 4p. (format pdf - 425ko)
     2-(2-Méthoxyéthoxy)éthanol, FT n° 222, 1992, 4p. (format pdf - 381ko)
     2-(2-éthoxyéthoxy)éthanol, FT n° 222, 1992, 4p. (format pdf - 381ko)
     2-(2-buthoxyéthoxy)éthanol, FT n° 222, 1992, 4p. (format pdf - 381ko)

Risques pour le grand public :
     avis de la CSC (Commission de Sécurité des consommateurs)
     dossier de la DGS (Direction générale de la Santé), dont l'avis du CSHPF (Conseil supérieur d'hygiène publique de France), novembre 2002
http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/ethersglycol/index.htm

Actualité Éthers de glycol : mises au point de l'INRS et de son Conseil d'administration

Valeurs limites d'exposition professionnelle aux agents chimiques en France. Cahiers de notes documentaires, 1999, n° 174, pp. 59-77 (ND 2098). (format pdf - 468 ko)

Risque pour la fonction de reproduction. Classification de certains éthers de glycol par l'Union européenne.

Risques à la mise en oeuvre de peintures en phase aqueuse dans l'industrie automobile. Cahiers de notes documentaires, 1999, n° 177, pp. 5-13 (ND 2115). (format pdf - 292 ko)

"Ethers de glycol. Matrice emplois-expositions". Cahiers de notes documentaires, 1996, n° 162, pp. 5-17 (ND 2009-162-96)(format pdf - 780 ko)

"Les éthers de glycol. État actuel des connaissances - Perspectives de recherche". Cahiers de notes documentaires, 1992, n° 148, pp. 359-378 ( ND 1890). (format pdf - 1759 ko)

Références des études INRS sur les éthers de glycol publiées en 1996 dans des revues internationales :
" Évaluation de l'exposition aux éthers de glycol par prélèvements atmosphériques et biologiques "
" Étude de l'interaction éthers de glycol/alcools sur les plans toxico-dynamique et toxico- cinétique chez le rat "
" Absence d'effets épigénétique ou génotoxique du 2-butoxyéthanol chez le rat et la souris transgénique v-Ha-ras ".

 

Autres références bibliographiques
Proceedings of the International Symposium on health hazards of glycol ethers. (Actes du symposium international sur les risques pour la santé liés aux éthers de glycol). Pont-à-Mousson, 19-21 avril 1994; Occupational Hygiene. Risk Management of Occupational Hazards, vol. 2, n° 1-6, 1-456.